[16 novembre 1596 - Au milieu de la matinée]

Pourtant, bien que le ciel fût bleu et sans nuages, le tonnerre maronnait dans le lointain et l'air même semblait palpiter de tension orageuse. L'alpha de la meute d'Inis Eoghain était nerveux comme le démontrait la posture de ses épaules. L'orage était en quelque sorte anormal. Faute d'un terme mieux adapté, Oengus se décida pour celui là. Il accéléra l'allure de son pas. Un des membres de sa meute avait encore découvert dans les tourbières, le corps d'une jeune femme assassinée, la quatrième depuis le début de l'été. D'ordinaire, il ne se mêlait pas des affaires humaines sauf que là, les cadavres de ses femmes étaient tailladées d'étranges symboles. 

Mais l'orage menaçant... Il semblait à Oengus de mauvais présage. Il frissonna. Cela avait été un été de singuliers orages. D'éclairs, de foudre tombant d'un ciel clair. De grondements et de claquements incessants. Il arrivait en vue de la cabane de son bêta qui se situait en dehors du village de Bun Cranncha, à l'orée de la forêt qu'il empruntait pour éviter de croiser les villageois.

- Vaughn ! 

S'écria-t-il avec mauvaise humeur. 

- Si tu es là, viens me rejoindre immédiatement. 

Ordonna Oengus avec sa voix de commandement d'Alpha.

Vaughn était à l'arrière de sa maison, entrain de se raser avec le petit miroir qu'il avait réussi a s'acheter grâce à sa chasse. Alors qu'il finissait de se raser, il passa alors de l'eau fraîche sur le visage. Une fois son rasage finit, il remit sa chemise en laine en dessous de l'épaisse fourrure de cerf qu'il avait lui-même chasser.

C'est alors qu'Oengus vociféra au pas de sa porte, a son habitude il était encore de mauvaise humeur, Vaughn fit alors tranquillement le tour en prenant le temps de soigneusement plaquer ses longs cheveux en arrières.

Il arriva alors tout sourire face à son alpha, il ouvrit ses bras pour une étreinte amicale et s'exclama toujours le sourire aux lèvres :

- Oengus ! Toi ici ? Je ne pensais pas possible, mais si tu es la c'est que la situation est grave. Je t'écoute de mon oreille la plus attentive !

La nonchalance dont pouvait faire preuve le Bêta avait le don d'agacer Oengus au plus haut point. Malgré son rang dans la hiérarchie de la meute, Vaughn restait encore un louveteau en terme d'âge et il fallait espérer que la maturité inhérente à sa fonction ne tarde à survenir. L'Alpha lui accorda un regard dont l'expression suffisait à lui faire suspendre son geste, ce n'était pas l'heure aux civilités Daoine. 

- Tu ne crois pas si bien dire. Roderick à découvert un quatrième cadavres dans les tourbières. Identique aux autres tu dois t'en douter sinon, je ne serais pas ici aujourd'hui. Il y a néanmoins une petite différence avec les fois précédentes, la victime à été assassiné au courant de la nuit. Nous pourrons peut-être découvrir quelques indices cette fois si. 

Oengus poussa un soupire. L'orage continuait à gronder au loin et il fallait faire vite avant que ce dernier ne se déchaîne. Une course contre le temps, avec l'âge il n’appréciait guère ce genre de chose. 
  
- Transforme toi et va rejoindre Roderick là-bas. Tu as un bien meilleur flair que lui et je suis certain que tu seras en mesure de découvrir un début de piste. 

Et grâce aux liens de la meute, il transmit la position de l'autre loup à Vaughn directement dans son esprit.

Malgré le paroxysme de la mauvaise humeur de son alpha Vaughn gardait un large sourire, mais l'air sérieux de Oengus effaça alors ce sourire narquois. Il dit alors en regardant droit dans les yeux son alpha

- Je ferais du mieux que je peux Oengus, ces folies vont se terminer dans les plus bref délais.

Mais après cet expression sérieux son sourire revint et c'est sur son l"gendaire ton sarcastique qu'il continua :

- Mais toi, cela fait longtemps que tu ne luttes plus face à la barbe post-transformation, une vrai horreur à raser ! Et dire que je venais de me faire beau pour ces dames ! Bon trêve de plaisanterie je me mets en route. Où est ce que l'on se retrouve une fois que j'aurais examiné le corps ?

Il se retourna et s'enfonça dans la forêt.

Le regard d'Oengus s’obscurcit jusqu'à adopté la teinte ambrée du prédateur. Son loup n’appréciait guère l'attitude dont faisait preuve son inférieur et il montrait à présent les dents. Un grognement grave émanait de l'Alpha, si Vaughn continuait à défier son autorité ainsi, il n'aurait d'autre choix que de le rosser pour lui apprendre le respect. Le Bêta était encore jeune et ne représentait pour l'instant un réel danger. Dans deux siècles, il pourrait devenir un challengeur sérieux et Oengus se devait de le garder à l’œil. Il n'avait pas conserver son titre en faisant preuve de clémence.   

- A l'abbaye évidement ! 

Aboya-t-il en tournant les talons pour poursuivre sa route, en direction de la prochaine étape. 

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