[En provenance de Fathain-Place du village- Mon âme a son secret, ma vie a son mystère.]

Le soleil commençait à tomber lorsque Declan arriva dans son laboratoire, qui lui servait aussi accessoirement de maison. Il aimait bien cette période de la journée, dans le hangar de son habitation se répandait alors une clarté orange beaucoup plus douce qu'à l'accoutumée. Autrement que d'un point de vue esthétique cette lumière lui permettait de se reposer un peu les yeux après des heures à travailler sur son établi. Lorsqu'il passa le pas de la porte il se dévêtit et posa son blouson sur le porte manteau mais il garda ses lunettes sur le front, on ne sait jamais dans un laboratoire, il faut toujours avoir quelques choses pour se protéger les yeux. Lorsqu'il eu finit de se dévêtir il reprit à la main son couple de nouveaux amis qu'il posa sur une table jouxtant son établi.

A dire vrai, son laboratoire faisait un peu pitié en fait. Il n'était pas rempli d'incroyables inventions dans tous les sens et de nombreux livres, non, il préférait garder ça dans sa tête mais surtout il n'avait pas vraiment eut le temps de s'atteler aux milliards de projets qu'il avait en tête, c'est d'ailleurs pour cela qu'il ne possédait quasi aucuns plans ou aucunes notes. Il avait un projet en ce moment et c'était bien assez. La porte d'entrée donnait sur un petit vestibule ouvert sur le reste du hangar, dans ce dernier se trouvait à la gauche de l'entrée une cuisine des plus basiques avec une petite table pour manger sur laquelle s'amoncelait la vaisselle sale. Puis en continuant à longer le mur on tombait sur un âtre qui était lui même suivi de son fameux établi et de quelques tables qui servaient occasionnellement de bureau, de table de découpe, de table de polissage, de podium lorsqu'il se prenait à jouer la conférence qu'il tiendrait lorsqu'il serait parvenu à réaliser sa machine. Puis sur le mur opposé se trouvait des étagères remplis de lentilles et de verres et de divers matériaux plus ou moins rare et enfin se trouvait à côté de tout ce foutoir des grosses pièces de métal éparpillées, dans lesquelles il venait piocher les éléments nécessaires à la réalisation de la structure de sa machine. Enfin pour finir, dans un coin se trouvait une sorte d'appareil hygiénique pour se laver qu'il avait bricolé en vitesse mais qu'il n'avait jamais prit le temps de finir, il s'était basé sur un modèle allemand qu'il avait pu distinguer un jour lors de ses pérégrinations.

Et évidemment il restait la pièce maîtresse, cette dernière trônait au milieu de la pièce, oeuvre à la fois esthétique dans ses courbes rutilantes de cuivres polies mais aussi d'une finesse dans les mécanismes qui permettaient son utilisation, la machine... Elle lui causait bien des tracas mais tout cela en valait le peine il en était sûr. Il se laissa tomber dans le fauteuil devant son établi en regardant ce qui constituait en ce moment son violon d'Ingres. C'était une sorte de gros tube en cuivre dans lequel était fourré un imbroglio de lentilles qui permettait une observation directe via l’œil nu dans la mire. Un harmonieux panel de ticlets et de clefs sortait du tube et permettait le fin réglage du mécanisme de lentilles. L'ensemble tenait sur un trépied pivot qui permettait une observation presque à 360°. Enfin.... Elle permettrait de telles choses si elle possédait l'objet qui lui manquait.

C'est pour cela que ni une ni deux il se retourna, attrapa une plume et se mit à écrire frénétiquement ce dont il avait au besoin à son mécène sur un parchemin un peu sale:

Cher mécène,


Comme a dû vous le dire votre homme de main que j'ai rencontré aujourd'hui, un charmant garçon au demeurant d'ailleurs, je suis sur le point de finaliser la réalisation de ma machine, mais il me manque pour cela un objet indispensable. Vous n'êtes pas sans savoir l'utilisation que je compte faire de la machine, et pour cela j'ai donc besoin d'un matériau qui sorte légèrement de l'ordinaire. Hélas c'est un domaine dans lequel j'ai de nombreuses lacunes et c'est pour cette raison que j'aurais besoin de votre aide pour le trouver. Afin de vous aider dans cette recherche je vais essayer de vous décrire en termes profanes le fonctionnement de cette lentille. D'ailleurs ça n'a pas besoin d'être une lentille, à partir du matériau de base je peux en former une de la forme que je veux. Dans mes aventures je me suis rendu compte de certains effets sur la lumière lorsque celle-ci traverse des matériaux transparents, c'est quelques choses que j'appelle la polarisation, et grâce à cette science il est possible d'extraire des informations de la lumière que l'on reçoit dans notre œil, par exemple des contributions mécanique sur un matériau quelconque. Bien évidemment dans notre cas, ce qui nous intéresse est de voir les contributions énergétique des pouvoirs des wiccans. C'est pourquoi, cela peut paraître triviale, mais j'ai besoin d'une pierre qui réagisse à leur magie de façon visible, car cela signifierait que la pierre est capable de transposer le rayonnement d'énergie dans un domaine qui nous est visible. Ce qui devrait, une fois placé au sein de ma machine, nous donner une vision de cet univers inconnu! Sur ce je vous serais gré de tirer les ficelles de votre réseau pour me tenir informer de l'existence d'une telle pierre. Votre débiteur.


Declan

Il reposa sa plume, il se relut prestement et roula la lettre dans un tube à parchemin qu'il accrocha à la patte d'un des volatiles qu'il avait préalablement sorti doucement de sa cage, il était plutôt doué pour manipuler les animaux en général. Il se demanda rapidement si les deux volatiles étaient fait pour le même interlocuteur puis il continua quand même en se disant que cela aurait été bête de lui fournir ces deux oiseaux sans mode d'emploi si tel était le cas. Il souleva le battant de sa fenêtre et lança l'oiseau dans le ciel couchant en n'oubliant pas ces mots.

- Apporte ce message à ton maître, s'il te plaît, petit messager ailé.

Ayant obtenu de troublantes informations, Jarlath se retrouvait cependant impuissant pour affronter ses futures épreuves. Le balafré qu'il avait suivi depuis la sortie du bar l'avait conduit sur un chemin avec de nouvelles questions qu'il ne sentait pas encore prêt d'affronter. En outre, malgré ses nombreux talents de tire-laine, il était temps de considérer de nouvelles options & choix de vie, notamment en développant un réseau de contacts et d'alliés.

C'est sur cette courte aparté mentale que le voleur jeta son dévolu sur le fameux excentrique, Declan.

Il ne fut pas bien difficile de retrouver sa trace et bientôt il aperçut l'habitation du savant. Il marqua une nouvelle pause.

Declan ne l'avait probablement pas repéré dans le bar, absorbé par sa discussion animée avec le balafré. Il songea cependant qu'une stratégie d'approche adaptée serait judicieuse, et par conséquent la création d'un nouveau personnage.

Une des leçons que la vie lui avait enseignée est que tout bon mensonge comporte une nuance de vérité ou de vraisemblable. Il était donc inutile de créer une nouvelle identité de A à Z. En outre, il se voyait mal tenir le rôle d'un personnage à l'excentricité similaire au savant. Pour espérer rester dans son entourage proche, il fallait néanmoins s’intéresser à ses travaux, et par conséquent le statut d’un étudiant/apprenti en devenir pourrait convenir.

« Une curiosité dévorante avec une naïveté feinte feront probablement l'affaire », se dit le voleur.

Il reprit son chemin, prenant une démarche légèrement guillerette, décontractant les traits de son visage afin d’en rajeunir l’aspect. Un petit sourire aux lèvres, cachant ses tracas d’un sérieux inquiétant, il aperçut un oiseau –messager apparemment – s’envoler de l’habitation du savant. Il était en effet grand temps de mettre en branle l’horloge du destin et de rencontrer Declan.

En peaufinant les dernières caractéristiques psychologiques et comportementales de son nouveau personnage, il prit une grande inspiration et toqua à la porte du savant fou.

- Il y a quelqu’un ? Mr Declan, êtes vous là ?

Declan regardait l'oiseau s'en aller en battant des ailes et c'est à ce moment là qu'il entendit quelqu'un frapper à la porte de son laboratoire. Il pensa brièvement que son interlocuteur épistolaire venait déjà de lui répondre, après tout, vu la dégaine de ses sbires il devait avoir du goût pour les effets dramatiques. Il sourit à cette idée et se dirigea machinalement vers la porte.

Tout de même étrange, il ne reçoit pas des masses de visites normalement, peu de personnes savent qu'il est retourné au pays, et surtout, peu de personnes s’en intéressent d'ailleurs. Mais enfin, peu importe, si cela se trouve, ça allait être un voisin qui se plaint du bruit, quoiqu'il n'a pas tapé de taules depuis un moment pour la réalisation de sa machine.

Declan n'avait pas remis son manteau et portait des habits tout à fait passe partout se perdant dans un camaieu de couleur marron, dans son laboratoire il privilégiait l'utilité à l'élégance, il porta ses lunettes sur son front et sa chemise était garnie de nombreux étuis de cuir dans lesquels il rangeait quelques outils. Il arriva près de la porte et tira brusquement cette dernière.

-Il y a définitivement quelqu'un dans cette bâtisse, mais pour ce qui est de Monsieur Declan... Qui le demande?

Lorsque la porte s'ouvrit son regard tomba sur un homme d'apparence jeune et d'humeur relativement joviale. Une rencontre pleine de promesses en perspectives.

Le voleur se retrouvait à présent devant le quelque peu excentrique Declan. Il fut légèrement surpris de ne pas le reconnaître au premier coup d’œil, mais sa question-réponse défensive ne laissait pas non plus place au doute. Il apprécia en connaisseur la présence de nombreux étuis sur la tenue de son interlocuteur, atout non négociable pour tout « aventurier » qui se respecte. Il était quasi évident que le savant ne courrait pas sur les toits la nuit et ne s’amusait pas à détrousser la première ribaude qui passait, quoique ; à la réflexion, pour mener à bien ses expériences, le scientifique devait s’être procuré des outils et autres matériaux d’une manière ou d'une autre.

Se promettant de creuser cette piste plus tard, le tire-laine continua d’afficher son sourire pendant deux secondes et se lança dans une tirade de présentation.

- Vous pouvez m’appeler Jarlath, cher monsieur. J’ai ouï dire qu’un aventurier porté sur l’expérimentation et la recherche vivait ici.

En son for intérieur, le voleur s’autorisa un petit rire : les habitants du coin décrivaient rarement ce genre d’activités en des termes mélioratifs. L’excentrique était qualifié de nuisance sonore, de savant fou qui n’avait pas « la lumière à tous les étages, si vous voyez ce que je veux dire ! ». Pourtant, Jarlath avait plutôt à la bonne les personnes qui sortaient un peu des conventions sociales en rigueur, et qui, en bonus, avait une curiosité intellectuelle couplée à un gôut pour l’aventure ; c’était rare dans la région.

- Je viens frapper à votre porte aujourd’hui, dans l’espoir de trouver un apprentissage ! Je ne vis pour l’instant que de petits boulots et de faveurs concédées ici et là, et je souhaiterais trouver une occupation, un travail qui ne se limite pas au nettoyage de fermes environnantes, de ménages, ou de sauvetage de chatons piégés dans les arbres.

Jarlath marqua une courte pause de deux secondes. Son histoire devait rester courte et cohérente ; en restant dans le flou, les imprécisions et banalités lui fourniraient une couverture contre les questions embarrassantes. Il lui fallait maintenant piquer la curiosité de Declan, ou, au moins, retenir son intérêt.

- Il me semble, selon les dires des habitants, qu’un certain Declan travaillerait sur des sujets plus intéressants que « la prochaine récolte » ou « l’irritante voisine qui me nargue avec sa recette de famille ». Je ne voudrais pas me montrer méprisant, chacun est libre de vivre sa vie comme il/elle l’entend. Toutefois, j’ai un penchant pour des secrets et des mystères plus excitants, et je suis sûr qu’avec votre tutorat avisé, on pourrait mutuellement avancer sur nos terrains de recherche !

L’annonce était faite. Jarlath devait rester prudent et ne pas pousser Declan sur une décision tiède ; le scientifique devait adhérer à cette opportunité.

Declan écouta avec attention ce que le jeune homme avait à dire. Il semblait plutôt honnête et enjoué dans ce qu'il disait. Il est vrai qu'il pourrait avoir l'utilité d'un assistant, après tout avec les nombreux voyages qu'il avait fait, il avait beaucoup de choses à partager. Et puis, l'idée d'avoir quelqu'un un tant soit peu intéresser avec qui faire la conversation ne lui déplaisait pas. Ils seraient un peu comme ces deux héros littéraires anglais Cher Loque et What Sonne. Mais bon il ne fallait pas s'emballer non plus, commençons par les politesses.

- Eh bien cher Jarlath, je suis effectivement la personne que vous recherchez. Declan, un plaisir de faire votre connaissance. Mais je vous en prie ne restez pas dans l'encadrement de la porte, entrez vous mettre à l'aise.

Il se détourna du jeune garçon et se dirigea vers son atelier en jetant un coup d’œil à sa machine, il ne perda pas le jeune homme de vue, il voulait voir la réaction de ce denier lorsqu'il entrerait dans le "laboratoire".

- Vous savez je m'identifie quelque peu à votre histoire, j'étais dans le même cas lorsque je suis parti de ce pays pour découvrir le monde et les sciences. Enfin, je trouve votre proposition intéressante mais avant toutes choses je me dois de vous prévenir. Si vous cherchez un salaire, je suis incapable de vous en pourvoir un, le gite je peux vous le donner, mais même pour la nourriture ce ne sera pas si simple. Quand à la seconde partie...

Declan ne bougeait plus, il était maintenant adossé à son établi de travail et regardait dans la direction du jeune homme avec un regard franc et entendu.

- Je préfère vous dire tout de suite que je ne crois pas à votre histoire, il est peu probable que vous ayez entendu parler de moi, et encore plus de ma spécialité. Toutefois, je n'attache pas d'importance à cela, vous avez le droit d'avoir vos secrets et vos raisons. Par contre, afin d’installer une bonne entente et une certaines émulsion intellectuelle, je me dois de savoir quelle est votre appétence pour la science? En effet, vous me dites que nous pourrons nous aider mutuellement dans nos recherches, alors quelles sont les vôtres?

En effet, pour Declan il était clair que ce Jarlath avait une idée de recherche en tête, sûrement scientifique d'ailleurs, en tout cas c'est ce que Declan espérait, et c'est pourquoi il se devait de comprendre ses motivations. Après tout, on enseigne pas son savoir à quelqu'un qui le cherche pour de mauvaises raisons.

 

Le petit numéro du voleur avait eu l’effet escompté. Le savant était un malin ; au-delà de ses discours alambiqués que Jarlath avait entendus au bar, Declan avait su mené sa barque malgré un âge relativement jeune. Beaucoup ont du le mésestimer, le voleur le pressentait, mais le savant lui apparaissait maintenant sous un jour nettement plus favorable.

Tout en écoutant et en souriant poliment, le jeune homme s’introduisit prudemment dans le « QG » de l’excentrique. Son intérêt n’eut pas besoin d’être simulé : l’atelier regorgeait de nombreuses expériences, avec notamment de curieux instruments et machine. Il était manifeste au jeune voleur qu’il se trouvait devant un véritable trésor de sciences et de secrets ; rien de ce qu’il avait pu voir auparavant ne s’apparentait à cela.

Tout en mettant sa vie en perspectives – particulièrement sur le fait que les villages étaient décidemment bien pauvres en mystères – Jarlath capta le regard franc et quelque peu inquisiteur de Declan.
« Pas de nourriture ou de salaires, pensa-t-il, voilà qui ne me changera pas de mon quotidien… »

Il conclut mentalement que cela lui offrirait une certaine indépendance éthique par rapport à son style de vie.

La seconde partie de la tirade du scientifique lui confirma l’instinct aiguisé de son interlocuteur. Loin de se démonter, il utilisa cependant un petit levier rhétorique, dévoilant légèrement son jeu, tout en confirmant une règle essentielle :

- Très cher Monsieur Declan, je salue votre perspicacité et remercie votre discrétion. Toutefois il me semble que vous faites fausse route : des rumeurs circulent en effet, même si elles ne transitent pas par les cercles habituels. Peut –être que ces rumeurs n’avaient pas vocation à le devenir initialement…

Marquant une courte pause, le jeune homme continua de tisser mentalement cette toile, ce réseau de possibilité pour arriver à ses fins.

- Je viens en toute honnêteté concernant mon intérêt sincère à votre domaine de compétence. Mon appétence pour la science est peut-être quelque peu différente, parce qu’elle se concentre sur les résultats plutôt que sur les procédures. J’ai un goût très prononcé pour les découvertes et les secrets que ces dernières recèlent.

Reprenant son souffle, le voleur ne voulait pas non plus monopoliser la conversation et finit sa réponse, ayant bon espoir d’avoir suscité l’intérêt de son futur mentor scientifique.

- Je n’ai pas d’intention malhonnête. Je reconnais ne pas utiliser des méthodes conventionnelles, ou éthiquement recommandables selon les braves gens, mais cela vous débarrasse de certaines contraintes comme la provision d’un salaire ou de nourriture. Je dirai même que grâce à cela, nous pourrons accélérer quelques unes de vos pistes, se procurer plus rapidement des matériaux et composants dont vous pourriez avoir besoin. Bien sur, rien ne se fera sans votre approbation, mais vous remarquerez que de nouveaux réseaux d’informations s’ouvriront plus facilement.

Ponctuant sa déclaration par un petit clin d’œil, Jarlath attendait maintenant que cette situation se décante et s’intègre dans son schéma complexe de possibilités.

Declan avait écouté le laïus du jeune homme sans piper mots. Il avait observé le regard de ce dernier en entrant dans le laboratoire et il lui semblait qu'il avait relevé toutes les spécificités du laboratoire et pas seulement sa machine. C'était un bon point. Au moins ne convoitait-il pas la machine, il semblait honnête, si l'on peut dire, dans sa démarche.

Une chose était sûre, les discussions les plus intéressantes fleuriraient de cette association, et ça, c'était déjà beaucoup.

Alors comme ça il connaissait des entourages que Declan ne connaissait pas, intéressant, cela pourrait se montrer utile. Et ces entourages parlent de ses recherches? Peut être connaît-il le mécène de Declan. De plus il semblait que ce jeune garçon était des plus débrouillards. Ce qui ne serait pas un luxe dans un métier comme celui du chercheur.

- Ah je comprends votre fougue et la volonté de trouver ces résultats. Mais les procédures ne sauraient être négligé, après tout, l'interprétation issue des différentes expériences que l'on peut conduire dépend fortement de ces dernières. Ce qui peut changer la nature des résultats produits par notre travail de recherche. Mais c'est une volonté tout à fait louable. Personnellement je ne m'intéresse principalement aux résultats seulement si ceux-ci sont capables d'ouvrir nos champs de connaissances, et amener à de nouvelles découvertes! Qu'en pensez vous?

Declan était enjoué, il avait décroisé les bras et virevoltait dans la grande salle de son "laboratoire". Puis il se remémora deux trois détails... Il se stoppa net et se retourna vers le jeune homme.

- Oui. Tout d'abord mon cher Jarlath, je me dois de vous dire que mes travaux sont suivis par une importante personne, à ce que j'ai pu en jugé de la carrure de ses sbires. Du coup, je pense que je me dois de signaler l'embauche d'un apprenti pour mes travaux, avec un peu de chance il pourra peut être vous dédommager pour cela.

Et le scientifique se dirigea vers son atelier pour se mettre à l'écriture d'une courte missive à destination du mécène.

Le jeune voleur écouta attentivement le scientifique. Oui, il lui semblait tout à fait pertinent de travailler de manière collaborative avec Declan. Il se contenta de hocher vigoureusement aux premières assertions tout en laissant promener son regard dans le laboratoire. Plusieurs questions lui traversèrent l’esprit. Le toile s’étirait volontiers dans son esprit, mais le doute commençait à naître ; une personne aussi brillante que Declan lui permettrait d’avancer prodigieusement vite dans ses recherches. Mais ces fameuses recherches n’étaient que motivées par son instinct, et menaçaient de le conduire à de nombreuses fausses pistes si ils se dispersaient. L’intérêt de Jarlath résidait donc à suivre scrupuleusement les instructions de son mentor. Les réponses ne sauraient tarder à arriver .

Quelques images floues se mirent à défiler dans son esprit. Il y voyait cette jeune enfant, naïve aux yeux innocents. Il crut presque entendre sa voix, lorsque son cerveau revint brusquement à la réalité.

« […]de signaler l'embauche d'un apprenti pour mes travaux, avec un peu de chance il pourra peut être vous dédommager pour cela »

Le voleur sentit un afflux d’adrénaline lui parcourir le sang ; tout cela sentait très mauvais. Il se concentra afin de resituer les fragments de la conversation qu’il avait occultés. L’homme, le contact, la « balafre », le danger. Son rythme cardiaque accélérant, le tire-laine réagit de manière un peu abrupte.

- Non ! Je ne pense pas que ce soit une bonne idée.

Le scientifique penché sur sa missive, stoppa le mouvement de sa plume, le regard interrogateur. Jarlath réalisa immédiatement que sa réaction avait révélé des fêlures dans son personnage. Se forçant au calme, il adopta un ton plus mesuré, tentant de rassurer son interlocuteur.

- Excusez ma réaction. Je préfère simplement conserver une certaine discrétion. Il peut être judicieux de mentionner ma participation en tant qu’apprenti ou assistant mais rien ne presse.

Le jeune homme détailla sa justification afin de lever tout soupçon.

- L’avantage que nous possédons se situe dans le fait de ne pas révéler tous nos atouts à nos partenaires. Si votre mécène est une personne importante, il peut être astucieux de se renseigner d’abord sur son identité avant de jouer à la transparence. S’il souhaite conserver l’anonymat, alors ce secret pourrait avoir une valeur certaine pour nos recherches.

Jarlath s’approcha du scientifique. Voulant écarter définitivement cet épisode de leurs têtes respectives, il adressa un sourire franc et amical à Declan.

- Sur ce, cher mentor, par où devrions nous commencer ?

Lorsque le jeune Jarlath lui intima d'arrêter d'écrire sa missive, Declan ne put réprimer un léger sourire en coin tout en jouant son air faussement surpris. Son petit tour avait marché, il y avait décidément de nombreux secrets qui devaient auréoler son nouvel apprenti. Mais il est vrai que signaler la présence de l'apprenti au mécène n'était pas une obligation, lors de la discussion avec le balafré, ce dernier n'avait fait aucunes remarques à propos de ça donc bon. C'est pourquoi Declan répondit au discours de Jarlath de cette façon.

- Très bien nous ferons comme vous l'entendez, si cela peut vous apaisez. Sachez juste que mon mécène semble posséder des fonds et des homes de mains très particuliers, je ne souhaite pas engendrer de violences ou quoique ce soit. Faites juste attention à eux, je n'ai reçu aucunes contre-indication à "embaucher"...

Il sourit en disant cela, pouvait-on vraiment parler d'embauche avec le peu qu'il pouvait dispenser pour son élève? En dehors de son savoir bien sûr.

- ... un apprenti. Juste, restez prudent avec cela.

Il se détourna alors de son atelier et se leva pour marcher un peu dans la pièce.

- Quant à votre dernière question, je vais vous répondre que nous avons un travail de recherche, et cette fois-ci dans le sens d'investigation plus que de science, qui nous attend. En effet, je travaille actuellement sur un prototype de machine permettant de lever le voile sur certains phénomènes que nous qualifierons d'anomalies. Comme le microscope ou le télescope, cette machine permet d'observer le monde qui nous entoure au moyen d'un mécanisme de lentilles, permettant de révéler ce que nôtre oeil ne peut discerner de lui même.

Il s'approcha de la machine qui trônait au milieu de la pièce et posa la main dessus. Il regarda alors Jarlath et continua son discours.

- La base de cette machine est ici, et comme vous pouvez sans doute vous en doutez au vu de la finition de cette dernière, celle-ci est presque terminée. Hélas il me manque une pièce maîtresse, un matériau qui serait capable de résonner et de réagir à la présence, ou aux rayonnements pour être plus précis, des anomalies que j'ai évoqué plus avant. Hélas...

Il soupira et son regard se perdit dans le fond de son laboratoire sur les étagères remplit de matières diverses.

- ... Je ne sais où trouver un tel objet ou à qui m'adresser pour avoir des informations à propos de ce matériau. J'ai d'ailleurs envoyé une missive à mon mécène il y a peu pour savoir si ce dernier avait plus d'informations que moi. Mais maintenant que je vous ai il est temps de mettre à profit votre contribution dans mon travail, je vous sens quelqu'un de très capable et débrouillard, auriez vous des idées à me proposer?

- Fantastique!

Il leva les bras en l'air et s'en alla préparer son barda. Décidément cet apprenti était une sacré aubaine, à peine arrivé et il se montrait déjà utile. Declan se doutait bien qu'il faudrait fricoter avec le marché noir, mais savoir où le trouver et à qui parler était une toute autre histoire. il était soulagé d'avoir accès aux connaissances de Jarlath en ce domaine, ce qui lui fit d'ailleurs penser... Il se tourna vers Jarlath tout en fourrant quelques objets dans sa besace et dans ses étuis.

- Je suis ravi que vous connaissiez ce milieu là mon cher, je serais d'ailleurs très intéressé de savoir comment tout cela marche, à la fois la façon dont ces gens trouvent ces objets et comment ils les expertisent.

Il est toujours bon de savoir comment ces choses fonctionnent, en effet il est bien beau de vouloir acheter tel ou tel objet, mais comment savoir si le vendeur est un vrai spécialiste. Et si il en est un, quel pitié de s'acoquiner de la sorte pour de simples velléités pécuniaires. Declan se dit qu'il faudrait qu'il en touche deux mots au vendeur tiens si cela s'avérait être le cas. Mais il s'arrêta de tergiverser cinq minutes car Jarlath voulait en savoir plus sur le matériau.

- Ah c'est une très bonne question que vous me posez là. Pour sa forme je ne peux en dire grand chose, car ce n'est pas des plus importants étant donné que je vais sûrement devoir la retravailler afin d'en affiner les traits. Même la couleur je ne pourrais vous en parler. Nan je peux peut être plus vous parler de ce qui l'entoure. J'ose juste espérer que les individus dotés de propriété mystiques chérissent ce genre de matériau car il serait extrêmement complexe de tester tous les matériaux de l'île en s'approchant d'eux.


La question de savoir si cela est quelque chose de solide me taraude encore, en effet, si ce matériau se rapproche de l'éther alors il est tout à fait possible que ce dernier se présente sous forme liquide, mais rien n'est moins sûr.


Mais je m'égare, pour en revenir à l'environnement de ce matériau je me concentre surtout sur le fait que ce dernier est utilisé ou proche d'entités mystiques. Cela pourrait être un objet sur lequel ces derniers concentre leurs capacités surnaturelles dans un but précis, ou alors peut être la cristallisation d'une essence ou d'un esprit millénaire. En gros il nous faut quelque chose qui réagit avec la présence de pouvoir mystiques de manière visible pour nous.


Peut être le plus simple serait de rentrer en contact avec un de ces individus dotés de pouvoirs et chercher à savoir si il pourrait nous céder un tel objet. Mais rien ne garantit qu'il accepte bien sûr. Je suis désolé d'être si pauvre en information sur le sujet, je n'ai pas eu la chance d'intégrer ou de converser avec des cercles mystiques.

Lorsque Declan eut finit son laïus il s'approcha de Jarlath avec son sac dans le dos et ses étuis chargés. Il avait eut le temps de prendre ce qu'il voulait.

- Je suis prêt à partir, c'est quand vous voulez!