HJ : Je ne vois absolument pas de quoi tu souhaites parler.

La conversation sexiste typiquement masculine fut interrompue par l'arriver de deux ravissantes demoiselles. La cadette vêtue d'une façon décontractée d'un jean et d'un petit haut, son casque audio autour de son cou, offrit un franc sourire à Kenneth :

- Je suis vraiment désolée. Ma mère ne voulait pas me laisser sortir tant que le linge n'était pas étendu. Elle craint parfois !! Il fait chaud ici non ?

La jeune fille entreprit de retirer ses gants alors qu'elle se haussait sur la pointe des pieds pour faire la bise à Kenneth bien plus grand qu'elle.

- Kenneth, tu te souviens de ma cousine Amanda ?! Nous l'avions croisé dans ce restaurant asiatique où nous avions mangé le mois dernier ! Ca ne te dérange pas si elle reste avec nous en attendant ses amis ?

S'enquit Juliette en retirant son manteau et son écharpe qu'elle déposa sur un tabouret à proximité. Il était encore tôt fort heureusement et les quelques places assises au bar ne manquaient pas.

La susmentionnée Amanda ne semblait même pas se préoccuper plus que nécessaire de l'ami de sa cousine. A peine eu-t-il le droit à un vague salut du bout des lèvres accompagné d'un petit signe de la main que déjà cette dernière venait de se déposer sur l'avant bras musclé de Meallán. Auquel, elle adressa son sourire le plus charmeur, laissait ses doigts effleurer la peau de ce mâle viril.

- Bonsoir, je suis Amanda et toi ?

Elle se mit à battre des cils d'une façon aguicheuse, déposant les affaires qu'elle tenait dans son autre main sur le tabouret à ses côtés. Contrairement à sa cousine, Amanda était sur son trente-un avec une jolie robe en laine rouge moulante, des bottines de cuire et un maquillage discret qui savait toutefois la mettre en valeur.  

- S'il te plait, dit-moi que tu peux soulever quelque chose de moins léger qu'un verre !

Ajouta-t-elle d'une voix suave avec une petite étincelle de lubricité dans l'éclat de son regard. Assurément, la jeune femme avait assister de loin à la petite démonstration du wicca. Elle était présente dans le bar depuis plus longtemps que sa cousine comme en attestait la chaleur de sa paume toujours sur le bras de Meallán.

Juliette offrit un sourire à Kenneth lorsque ce dernier lui approcha un tabouret. Ces petites attentions à son égard, elle les affectionnait et les lui rendait bien en règle générale. La jeune femme prit place sur son siège, un éclat de rire ponctuant les paroles de son ami.

- Tu es bête parfois. Juliette donna un léger coup de poing taquin sur l'épaule de Kenneth avant de poursuivre, son accent français plus prononcé. Une envie de changement, de nouveauté. A la base, j'avais pensé à me teindre uniquement les pointes mais finalement voilà, j'ai fait la chevelure entière. Je suis contente que cela te plaise.

Elle passa la main dans sa chevelure en un geste nerveux, baisant légèrement le regard vers le sol. Ils étaient amis depuis son arrivé dans la capite de l'Empire mais son regard sur lui venait de changer ses derniers temps et voilà que maintenant ... Elle parvient à se ressaisir pour lui répondre.

- Et bien pas grand chose malheureusement. Surtout en sachant que se sont eux qui tiennent les cordons de ma bourse. Elle jeta un coup d’œil vers sa cousine en soupirant. C'est aimable de ta part, je sais qu'elle peux parfois être exubérante... bon d'accord elle est toujours exubérante. Lui chuchota-t-elle discrètement. Comment vas-ta mère ? Ca fait longtemps que je ne l'ai pas croisée. 

=> Kenneth : Tu remarques que la goutte d'eau fraîche semble comme refuser de se déposer sur la peau d'Amande et s'écoule à quelques centimètres du corps de la jeune femme. Mais dans un monde où la magie fait partie du quotidien, il n'est pas surprenant qu'un wiccan quelconque ai vendu ses services.

=> Meallán : Une onde de chaleur te parcours le bras avant de se diffuser dans l'entier de ton corps. Si doux, si subtil que passer l'instant tu ne t'en souvient à peine. Malgré tes pensées précédentes, tu resents soudainement le besoin de faire le paon devant Amanda et de lui faire plaisir.  

- Cela serait avec grand plaisir. Elle balaya les lieux du regard avant de le déposer à nouveau sur Meallán. Je suppose qu'ils ne servent pas de verre de vin ici ! Que me conseils-tu ?

Les gens des îles irlando-saxonnes manquaient cruellement de goût et il était compliqué de trouver du bon vin ici en étant pourtant si proche de son pays d'origine. Si seulement elle n'avait été forcé par ses parents de venir étudier dans l'Empire ... Pour son bien avaient-ils dit. Et encore, elle ne songeait même pas à l'horrible gastronomie nationale. Heureusement que la capitale regorgeait de restaurants hétéroclites pour se sustenter.

- Tu es originaire de l'île ? Je suis arrivée ici récemment et je me demandais ce qui serait assez sympa à visiter dans les environs. Amanda replaça une mèche de sa chevelure derrière son oreilles en souriant. Ou les endroits en vogue dans la capitale.

L'attitude de sa cousine frôlait toujours l'impolitesse et Juliette ne pouvait s’empêcher de ressentir une pointe de culpabilité lorsque cette dernière se retrouvait en présence de son entourage. Cela ne semblait pas gêner Kenneth - à la surface du moins - mais le jeune était toujours très doux en sa présence qu'elle se doutait bien qu’intérieur la caractère d'Amanda devait l'horripiler. Et elle pouvait le comprendre car elle subissait cela depuis des années. Juliette l'appréciait dans le fond seulement voilà, il fallait que cela soit à petites doses espacées de plusieurs mois si elle voulait s’empêcher de lui sortir le fond de sa pensée. Pourquoi donc sa tante avait eu cette brillante idée de l'envoyer à Lughtierne également en apprenant qu'elle partait y faire ses études. Peut-être avait-elle eu l'espoir illusoire que son caractère posé et travailleur déteigne sur sa sulfureuse fille ! Sauf qu'Amanda était une véritable cause perdue qui n'en ferait toujours qu'à sa tête quoi qu'il advienne.

- Tu as bien fait de commander pour patienter ! A ta place, j'aurais fais de même. Je serais venu bien plus tôt si seulement les autres n'avaient pas été si casse pied. Ils n’arrêtaient pas de m'envoyer des messages pour me dire que l'heure du rendez-vous était retardé, que le lieux changeait et autres inepties de ce genre. Une trentaine de messages en moins d'une vingtaine de minutes alors forcement au bout d'un moment, je les ai envoyé se faire voir où tu peux l'imaginer. Une des particularités qui faisait le charme de Juliette était qu'elle ne jurait jamais quoi qu'il puisse survenir. Si tu rinces alors je vais prendre une pinte de Kilkenny s'il te plait.

Loin d'être radine, Juliette savait apprécier le fait de se voir offrir un verre par un ami. Elle ne comprenait pas que certaines personnes en fassent toute une histoire allant même jusqu'à se battre pour sortir la carte bleue en première. Elle payerait la prochaine tournée tout simplement afin de remettre les compteurs à zero.

- Tant mieux pour elle. Cela fait un moment que je ne l'ai pas croisé alors transmet lui mon bonjour à l’occasion. Dit-moi, l'homme qui discute avec ma cousin est un ami à toi ?

En place de soumettre un conseil comme il venait de lui être demandé, Meallán opta pour une attitude franchement plus masculine. Au grand plaisir d'Amanda, il passa directement commande auprès du barman de la boisson qu'il jugeait adéquate au palais de la demoiselle. Un choix qui se révélait excellent au final puisqu'elle avait déjà goûté au Bailey's au courant des dernières semaines. Le breuvage doux et sucré en bouche lui plaisait particulièrement et les arômes de caramel et de noisette lui offrirait presque un orgasme gustative à chaques gorgées. Pour lui faire plaisir - l'orgueil d'un homme après tout - elle choisit d'agir comme si cette liqueur lui était inconnue.

- Ce n'est pas à base de Whiskey ? Je ne suis pas certaine d'aimer mais si tu penses que cela peut me plaire, pour toi je veux bien faire l'effort d'y goûter.

Amanda laissa transparaître une touche de perplexité sur son visage, de celle qui ne savait que croire, qui hésitait. La demoiselle était bonne comédienne à force de fabuler autant à son entourage depuis des éons. Et puis, il fallait bien avouer que l'esprit de Meallán se concentrait sur des instincts plus ... primaires pour l'heure qu'il ne remarquerait pas le petit manège de la jeune femme.

A présent qu'il était empêtré dans ses filets, Amanda posa l'une de ses mains sur la cuisse de son interlocuteur. Avant de la caresser d'une manière infime en remuant à peine les doigts sur le tissus de son pantalon. Un léger toucher qui rendait Meallán tout émoustillé alors que le sang affluait soudainement dans un endroit très précis de son anatomie.

- Comment refuser une si charmante proposition. Nouveau sourire éclatant avant qu'elle ne poursuivre la conversation en lui susurrant à l'oreille. Je recherches des activités physiques qui entraîneront une accélération de mon rythme cardiaque et une bonne dose d'adrénaline.

Étonnamment, cela ne sous-entendait pas forcement une excellente partie de jambes en l'air. Rien n'était plus désespérant qu'une petite vie ennuyeuse aux yeux d'une Amanda adepte de sensations fortes.

Identique à n'importe quel début de week end, la soirée offrait à l'établissement les sonorités habituelles. Les conversations animées des étudiants, les rires gras des blagues scabreuses, les successions des cliquetis du flipper d’occasion et celles des queues de billard frappant sur les boules que l'on s'attendait à retrouver dans n'importe quel Public House du pays étaient bien présent. Sauf que ce soir, les hurlements des supporters emplissaient la pièce d'une animation bien particulière. Effectivement, les nombreuses télévisions présentes retransmettaient le match de soccer entre l'Angleterre et l'Ecosse qui se déroulait parallèlement dans le grand stade de la capitale.

Aux alentours du champs visuel et surtout acoustique de nos quatre "amis" se déroulaient des événements d'une banalité guère surprenante. Les échanges verbaux entre supporters adverses étaient pour l'heure des railleries digne d'un bac à sable mais au rythme de l'alcool ingurgité, bientôt ils en viendraient aux insultes plus vulgaires et aux mains pour échanger des idées personnelles sur un sport national. L'attaquant Écossais venait à l'instant de marquer un but en faveur de son équipe et les hurlements de joie des fans en kilts noyèrent les lamentations anglo-saxonnes.

Puis, aussi soudainement qu'elle venait d’apparaître, la liesse des supporters mourut entre leurs lèvres. L'animation produite par les uns et les autres céda la place progressivement à un silence de plomb alors qu'un flash spécial télévisuel venait de prendre le pas sur la diffusion sportive.

"Mesdames, messieurs, bonsoir. Nous interrompons notre programme pour un flash spécial de la rédaction. Nous venons à l'instant d'apprendre que Sa Majesté Impériale et Apostolique Ysolte II vient d'être enlevée à la veille de son jubilé d'Or dans les jardins du Palais Impérial de la capitale. Supervisant en personne les préparatifs des festivités, son altesse impériale était en train de converser avec bon nombre d'intervenant professionnel extérieur aux membres du personnel du palais au moment du crime. Accompagnée de son héritière, notre princesse et les gardes se sont révélés impuissants à porter assistance à notre Impératrice sous la rapidité de l'acte. En direct du palais, notre envoyé spéciale Killian."

Apparut depuis quelques secondes en arrière plan, le fameux Killian se voyait à présent propulser sur le devant de la scène afin de prendre la parole à son tour. Il se trouve actuellement devant les hautes grilles closent du Palais Impérial, de nombreux véhicules de polices l'entourant.

"Si pour l'heure le kidnapping n'est toujours pas revendiqué, les membres du gouvernement soupçonnent des wiccan d'être à l'origine du crime. Selon les révélations de la famille Impériale rendues publiques quelques instants auparavant, il semblerait qu'un résidu d'énergeons dû à une téléportation persisterait encore à l'emplacement qu'occupait l'Impératrice au moment de l'enlèvement. Le BSIS" - la branche magique des forces spéciale du gouvernent - "étudie actuellement le résidu dans l'espoir de déterminer la localisation du lieu de réception du sortilège. L'héritier du trône a fait savoir également qu'il prononcerait une allocution dans l'heure à venir et nous resterons sur place pour vous tenir au courant de l'enquête au fur et à mesure des événements."

Tandis que le présentateur reprenait l'antenne pour accorder d'autres informations au public, ces dernières furent couvertes par la panique qui émergeait dans le brouhaha des diverses conversations à l’intérieur de l'établissement.

Juliette et sa joie de vivre, il n'y avait rien de mieux pour illuminer la journée de ce grand gaillard de Kenneth. Bon elle ne lui tenait pas rigueur de son manque de politesse, et passa commande. Elle avait des bons goûts, des goûts de luxe mais des bons goûts. Kenneth interpella alors son ancien collègue et transmis la demande. La retenue dont faisait preuve Juliette l'amusait toujours autant, il tentait au fur et à mesure de la débrider jusqu’à ce qu'elle lâche son premier juron en public, il souriait d'avance. Il l'a regarda alors avec un air sarcastique et c'est sur ce même ton qu'il se moqua d'elle :

" C'est bien vrai ! Cette bande de fieffés coquins n'ont que ce qu'il mérite ! "

Il attrapa alors la commande de la jeune française de sa main libre, lui donna en main propre puis trinqua :

" A la tienne. "

C'est au moment où les deux verres se rencontrèrent que le flash info fit irruption sur l'écran plat du bar, le silence de plomb s'installa et les journaliste firent leur métier. Une fois le flash info passé,  l'ambiance qui était si festive s'était bien calmé et malgré la reprise du match de foot, les conversations ne furent pas nombreuse. Pour Kenneth, cette annonce était le cadet de ses soucis, il était plutôt concentré sur le visage de Juliette qui s'était décomposé à l'annonce de cette triste nouvelle. C'était une étrangère mais, elle avait plus d'empathie envers l'impératrice qu'un habitant de l'empire, ironie quand tu nous tiens.

Kenneth n'avait plus qu'un objectif voir deux, redonner le sourire à cette splendide jeune femme :

" Bah tu sais ... tu pourrais le lui dire pour de vrai, elle t'a beaucoup apprécié et n'arrête pas de me demander de tes nouvelles. Je crois bien qu'elle t'a adopté ! "

Il s'approcha alors d'elle puis lui dit discrètement :

" Non c'est une connaissance que je viens de faire, il s'était retrouvé contre son gré dans une bagarre de bar juste avant que tu n'arrives. J'ai aidé le videur à faire son boulot, et je l'ai aidé lui à se relever, on a prit un verre et on a discuter en attendant. Mais je crois qu'il n'a pas perdu sa soirée. "

Après le flash info Kenneth restait sur le qui-vive, son ami de boisson assumait pleinement son identité Wicca et au vu des derniers événement, si un groupe de racistes anti-Wiccan était ici cela ne tarderait pas à venir provoquer. Kenneth s'installa alors de manière à se rapprocher de Juliette mais, aussi d'avoir sa main dominante (droite) à porté de sa matraque télescopique.

Malgré qu'elle ne soit qu'une petite étudiante étrangère, Juliette se trouvait fortement affectée par l'enlèvement impériale. Une empathie naturelle envers autrui qui pouvait parfois lui offrir quelques mésaventures. Pourtant, il n'y avait pas que cela qui tracassait la jeune femme après ce flash spécial à la télévision. Si la femme la plus puissante de l'Empire Unis, protégée par un nombres incroyables de gardes du corps et en mesure de se défendre grâce à sa propre magie réussissait à se faire enlever par un obscure groupe inconnu, que pouvait une simple personne lambda pour se protéger dans la vie courante. Bien sûr, elle était tellement quelconque et anonyme pour que quiconque ne s’intéresse à son cas ... enfin l’espérait-elle en tout cas.

Son verre à la main, Juliette reporta son attention sur la conversation avec Kenneth. Sa main libre vient se déposer à l'arrière de son crâne, un peu gênée d'avoir attirer autant l'attention de la mère de son ami sur sa personne. Gênée mais tout de même ravie d'avoir fait une si bonne impression.

- Oh vraiment ? C'est très agréable de le savoir en tout cas. Dois-je prendre cela pour une invitation ? Je dois bien avouer que je ne serais pas contre me faire inviter à manger une nouvelle fois. Ma pauvre cuisine d'étudiante n'est vraiment pas à la hauteur de celle de ta mère.

Voilà une autre facette de la personnalité de Kenneth qu'elle appréciait chez lui. Il avait le cœur sur la main et n'hésitait pas à aller au devant du danger pour venir en aide à son prochain. Cela fit naître une expression d'admiration sur son visage alors qu'elle déposait une fois encore, l'une de ses mains sur le bras de son ami.  

- J'espère que tu n'as pas reçu un mauvais coup durant l'échange ? S'enquit-elle inquiète à son sujet, avant d'enchaîner. Je ne sais pas comment tu fais pour être si altruiste envers les autres malgré le danger, je n'oserais pas intervenir dans une rixe de bar.

En parlant du loup justement - plutôt la proie entre les griffes de sa cousine à vrai dire - il vint aimablement prendre congé auprès d'eux pour faire découvrir à Amanda, un autre établissement à deux rues du Whelan's Pub. Ils se quittèrent après les salutations d'usages, laissant Juliette en seule compagnie de Kenneth.

- Le pauvre, encore un à rajouter à sa longue liste de plan d'un soir. Il ne faisait vraiment pas le poids face à elle.

Sa remarque se voulait humoristique bien qu'il y avait malheureusement un fond de réalité . Elle ne comprenait vraiment pas comment sa cousine pouvait papillonner - le mot était faible - autant avec d'illustres inconnus.

''Que Dieu vienne en aide à notre Impératrice.''

Nombreux étaient les personnes présentes dans l'établissement à reprendre cette phrase en cœur, levant un verre, une bouteille en l'air avant d'en boire une gorgée par pur patriotisme. L'enlèvement de sa majesté Ysolte II était quasiment sur toutes les lèvres, dans presque chaque conversation du Pub. Certaines personnes déjà grisées par l'alcool essayèrent bien de suivre le match que les écrans retransmettaient à nouveau mais, la passion première pour le ballon rond ne semblait vouloir se réenflammer suite à cette bien triste et inquiétante information médiatique.

Il y avait bien encore quelques rires, telle une dernière poche de resistance envers l'humeur maussade qui régnait à présent en ces lieux. Venant de l’extérieur où les fumeurs s'adonnaient en terrasse à leur addiction de nicotine, ignorant du drame qui avait frappé le palais Impérial.

Au fond de la salle naquit néanmoins une certaine agitation. Des éclats de voix aux sonorités dures, odieuses se laissaient percevoir dans le brouhaha ambient qui empêchait cependant la comprehension de celles-ci.

A l'instar des autres consommateurs de l'établissement, le verre de Juliette se joignit à l'hommage patriotique. Puis le portant à ses lèvres, elle avala une gorgée de sa bière, un air satisfait sur le visage. L'Empire ne rivalisait certes pas avec l’Hexagone au niveau des vins mais, en ce qui concernait la bière, il parvenait à se positionner devant certains pays limitrophes de la France.

- Je maîtrise les pâtes à la perfection, comme tout bonne étudiante qui se respecte. Et le beurre au moins à la faculté de donner du goût pour pas trop chère. Si tu es sage, un jour je te ferais peut-être mes fameuses bolognaises à l'aubergine. Et oui, j'ai quelques cordes à mon arc même si je ne peux rivaliser avec ta mère.

Ses joues se teintèrent d'un rouge léger lorsque Kenneth lui prit soudainement la main. Lui qui avait une poigne solide d'ordinaire fit preuve d'une grande délicatesse, elle en fut surprise, agréablement surprise. Son rythme cardiaque fut sujet à un emballement soudain sous la chaleur de la paume qui enserrait la sienne. Juliette se mordilla la lèvre inférieur en accrochant son regard à celui du Wicca. L'instant était parfait, presque magique si seulement l’enlèvent de l'Impératrice n'avait plombé l'ambiance. Oui, la demoiselle espérait qu'il ose lui ravit un baiser ...

Malheureusement, un homme bouscula violemment Kenneth sur son côté gauche, brisant l'instant qu'il partageait avec la jeune femme. L'altercation verbale s'était envenimée, passant aux mains rapidement. Malgré sa carrure impressionnante, le Wicca n'était absolument pas préparé à faire barrage et accompagna l'autre homme dans sa chute. Juliette sursauta en hurlant, se précipitant vers l'endroit où venait de s'écraser violemment celui qu'elle considérait comme plus qu'un ami. Bien mal lui en prit puisque l'autre homme, bien moins sonné grâce au corps de Kenneth qui venait de lui servir de matelas, se releva sur le champs pour regagner la rixe dans le fond de la salle.

L'homme se saisit d'une bouteille de bière se trouvant à sa portée et dans sa hâte à retourner combattre, la brisa sur le coin d'une table. Un large geste maladroit et précipité du bras tenant le verre brisé vint rencontrer le visage se trouvant sur son chemin. Le verre affilé entailla profondément sur une dizaines de centimètre - de l'oreille en direction du coin des lèvres - le jolie minois d'une Juliette hurlant sous la douleur engendrée...